Le 12 septembre dernier, les 41 syndiqués de la Fonderie Saguenay votaient à 100 % en faveur du déclenchement de la grève générale illimitée. Ces travailleurs étant sans contrat de travail depuis le 31 août. Après six séances de négociation et l’intervention d’un conciliateur, pratiquement rien n’a avancé. Plus de 4 mois de grève sont passées et la situation ne c’est toujours pas amélioré par les syndiqués. Le déclenchement de la grève au mois de septembre est l’une des stratégies mise de l’avant par le syndicat. En effet, à cette période particulièrement profitable pour la partie patronale, le carnet de commande de la fonderie est rempli. Les travailleurs totalement insatisfaits des propositions de contrat ridicules de l’entreprise, poursuivent leur grève comme moyen de pression afin de régler les points qui sont au cœur du litige. Les syndiqués revendiquent notamment des améliorations à leur régime de retraite, régime d'assurance collective et des augmentations salariales de 3,5 % par année. Malgré quelques dialogues entre les parties patronale et syndicale, le directeur général de l'entreprise, Réjean Dubuc, ne semblait pas avoir capté le message à la table de négociation en démontrant une fois de plus son manque de volonté à vouloir négocier de bonne foi. En plus de mettre la pression sur les travailleurs en les menaçants sur le futur incertain de l’entreprise advenant la poursuite de la grève et en utilisant des briseurs de grève, cette dernière n’a même pas daigné négocié sur une seule clause d’importance du projet syndical, cela ne faisant qu’appuyer la mauvaise foi de celle-ci. Les quelques concessions allouées dès le départ ne changent en rien le fait que les dirigeants de la Fonderie persistent à garder les yeux fermés sur les vrais enjeux de la négociation. On n’a qu’à penser, entre autres, à l’amélioration des mouvements de main-d’œuvre, de l’horaire de travail et des heures de travail, de la procédure des griefs et d’arbitrage, pour ne nommer que ceux-là. Sans oublier toutes les clauses à incidences monétaires qui n’ont pas encore été abordées et qui font partie de plusieurs enjeux cruciaux de la négociation. Contrairement à l’employeur, le comité n’a jamais cherché la confrontation tout au long de ce processus de négociation. Malheureusement, l’employeur a poussé les travailleurs vers l’affrontement malgré toutes les chances données à celui-ci pour négocier en personne responsable.
L’employeur a même poussé l’insulte jusqu’à écrire un communiqué à tous les employés de Fonderie Saguenay exprimant que le niveau de demandes est décroché de la réalité et ne peut servir de base de discussion à une négociation raisonnée et efficace. C’est un manque de respect flagrant de la part de l’employeur face aux demandes légitimes et raisonnables des travailleurs et, fait important à mentionner, accepté par tous de façon démocratique en assemblée générale. Il n’en fallait pas plus pour faire monter la grogne des travailleurs. Le 1 février dernier, malgré les relations de plus en plus houleuses entre les deux parties, le PDG Réjean Dubuc annonçait la mise à pied de trois employés cadre pour une période indéterminée parce que selon lui, ils n’ont plus de contrat à long terme. À la suite de ce nouveau moyen dissuasif de la tête de l’entreprise, le syndicat a rassemblé ses membres pour s’assurer que tous les travailleurs sont conscients des risques qu’ils courent à continuer de faire la grève. Le président leur a même offert de voter, mais ils ont refusé.
La force et la détermination des travailleurs s’appuient sur des principes de démocratie directe et de luttes de classes. Et bien que le conciliateur a jugé que les positions de chaque partie sont irréconciliables, la lutte que les travailleurs de Fonderie Saguenay ltée ont décidé de faire va au-delà de l’amélioration de leurs conditions de travail ; il s’agit maintenant d’une lutte pour gagner le respect d’un employeur sans principe. À ce jour, aucune rencontre ou négociation n’est prévue. Nous espérons que cette lutte persistera jusqu’au bout et qu’advenant le maintient des positions dogmatiques des patrons, que les travailleurs mettront de l’avant des moyens de pression plus radicaux, allant jusqu’à l’occupation d’usine et bien plus! Bref, ce conflit démontre bien que lorsque des travailleurs s’assument dans une lutte ils ne servent pas que leur lutte, mais servent toutes celles et tous ceux qui s’élèvent aujourd’hui contre des entreprises et des structures qui ne conviennent pas.
MOMO