vendredi, avril 14, 2006

La démocratie en 2006 :Une robe de bal sur une grosse vache…


Les politiciens, ainsi que leurs diffuseurs idéologiques communément appelés médias, sont profondément alarmés au sujet de la pratique démocratique telle qu'ils la conçoivent. On entend partout que les jeunes ne s'intéressent plus à la politique, que la population en général est blasée, écœurée et qu'une vague de cynisme sans précédent envers la classe politique assombrit la démocratie. Puisque cette classe politique avance que le fondement même de notre société est cette dernière, il est primordial de bien comprendre ce qu'elle signifie vraiment. Le petit Larousse nous donne donc une petite définition du concept de démocratie : « Régime politique dans lequel le peuple exerce sa souveraineté lui-même, sans l'intermédiaire d'un organe représentatif (démocratie directe) ou par représentants interposés (démocratie représentative). » En ce qui concerne notre société, c'est plutôt la deuxième définition qui s'impose car en guise de représentants interposés siègent de beaux grands partis qui se targuent de représenter les valeurs et les ambitions sociales de leurs concitoyens.

Deuxième concept : celui de parti politique. Considérons le parti politique comme une entité. La première fonction d'une entité - que ce soit une meute de loups, des micro-organismes, une colonie de fourmis - est de veiller à sa survie. Les partis politiques, en tant qu'entités évoluant au sein de l'institution politique établie, n'y échappent pas et l'obsession quasi maladive pour les sondages portant sur les intentions de vote est là (entre autres) pour le prouver. À la lumière de ces considérations, peut-on vraiment avoir confiance au fait que ces entités politiques sont là prioritairement pour nous représenter ? La question est légitime et met en doute la pratique démocratique telle qu'elle nous est imposée, et quand je dis imposée, je pèse mes mots.

En effet, pour la classe politique en général nous ne sommes que des petits consommateurs impénitents qui se transforment, une fois aux quatre ans, en citoyens fiers de vivre en démocratie et de pouvoir exercer son droit de vote. Dans une société où règne une division du travail extrême (de sorte que chacun peut difficilement contextualiser son rôle dans la société et les effets directs de ce dernier sur celle-ci) chacun, de son côté, tente de vivre son petit american dream : un arracheur de dents, un éboueur, un courrier à vélo, un gérant de Wall-Marde, sans oublier le politicien, qui lui est payé pour faire de la politique, et pour construire ce que c'est que de faire de la politique. Comme le vidangeur est expert en vidanges, le politicien doit sûrement être expert en politique. Donc on en vient à penser que la politique, c'est pour les politiciens et qu'il ne faut sûrement pas essayer ça à la maison, ce sont des professionnels…

Or, ce que la classe politique ne comprend pas, c'est que la politique est partout. En effet, lorsque je décide d'acheter tel ou tel produit, c'est politique, lorsque je me contente de porter les mêmes vêtements année après année sans tomber dans le panneau de la mode, c'est politique. Deux personne qui discutent ensemble c'est de la politique. Alors quand la classe politique et ses petits amis des médias avancent qu'il y a un désintéressement par rapport à la politique, ce qui leur échappe, c'est que le désintéressement est plutôt par rapport à leur façon de voir et de faire la politique, car la politique est partout, c'est qu'ils ne la voient plus, trop occupés à gérer leur image et à paranoïer sur des sondages sans grande valeur.

Une preuve de ce que j'avance serait les efforts déployés par le ministère de l'éducation (outil de reproduction sociale gouvernementale) pour inculquer aux élèves du secondaire les principes parlementaires en les initiant à une sorte de chambre des communes où les élèves sont invités à occuper le rôle d'un ministre et à "faire de la politique" : pseudo initiation à la démocratie si vous voulez mon avis, car quand un jeune dit qu'il n'en a rien à faire de la politique, que cela ne l'intéresse pas, il fait justement de la politique et il use de son droit démocratique sans le savoir puisque ce qu'il rejette inconsciemment, c'est le modèle politique "prémaché", construit et imposé par une classe qui, à travers le temps, a su tirer profit de cette construction institutionnelle en galvaudant le concept de démocratie jusqu'à ne plus savoir ce qu'il signifie vraiment.

Pas besoin de citer le scandale des commandites pour savoir que la classe politique a beaucoup d'amis, et qu'ensemble, ils savent tirer profit du pouvoir, autant politique qu'économique, et qu'il est dans l'intérêt supérieur pour tous ces joyeux lurons que le système qui leur est si bénéfique se reproduise de sorte que le pouvoir, qui est de plus en plus économique, ne leur échappe pas : Il faut que ça reste dans la famille !

Cependant, le cynisme exacerbé envers la pratique politique ne trouve-t-il pas sa source directement de ceux qui sont les premiers en s'en plaindre ? Il suffit de s'attarder au langage utilisé par les médias lorsqu'ils traitent avec un sérieux déconcertant de la politique. L'emploi de termes et de concepts tels que la scène politique, le jeu politique dénotent déjà la nature spectaculaire de la politique où l'émotion est au premier plan. Pas surprenant que l'image d'un politicien soit un critère prioritaire quant à ses chances d'être élu ! Cela nous donne des électeurs qui votent selon leur "feeling" le jour du scrutin, un peu comme ceux qui vivent leur démocratie en votant à Star Académie. Les partis politiques soutiennent des idéologies fixes, qui ne peuvent changer en deux semaine et pourtant, les intentions de vote des électeurs, quant à elles, peuvent changer du tout au tout du jour au lendemain, comme si un parti de droite virait à gauche en deux jours. De ce fait, comment ne pas devenir cynique envers une telle mascarade où les visées politiques réelles doivent souvent être mises en sourdine de peur que cela nuise à leur image, qui elle, est devenue le principal facteur influençant les intentions de vote. Comment expliquer que les médias aient une aussi grande influence sur une élection ? C'est très facile, selon moi, de diriger le vote d'une population qui carbure à la désinformation et qui ne possède pas les moyens intellectuels (l'éducation, quel luxe !) pour débusquer les rhétoriques démagogiques insidieuses et subtiles qui se glissent entre deux publicités, paysage à la fois simple et complexe où peut proliférer en toute quiétude la pollution idéologique envahissante et aliénante.

Le pire dans tout ça, c'est que ce qu'ils appellent le jeu politique, ce petit jeu entre amis fortunés, à des répercussions réelles dans la vie de millions de personnes qui ne peuvent que subir les dommages collatéraux des décisions économiquement partisanes de ceux qui s'amusent en haut avec leur propre argent. De plus, la voix d'un électeur est condamnée à n'avoir aucune nuance. En effet, comment voulez-vous exprimer de véritables opinions politiques en cochant un x sur l'espace d'un carton associé à un parti qui a passé les derniers quatre ans à se regarder le nombril et "à jouer le jeu" d'un cirque médiatique, capable de faire d'une course interne à la chefferie d'un parti la préoccupation politique numéro un de toute une population pendant plus de deux mois.

Pour que les consommateurs de ce divertissement politique n'y voient que du feu, il est toujours utile de leur rappeler qu'une fois au quatre ans, ils ont le droit, la chance, le privilège de se faire entendre, d'exercer leur droit de vote et d'ainsi prendre pleinement part aux joies de la démocratie.

Pour les autre, ceux qui sentent le ras-le-bol leur ronger l'intérieur des yeux, il y a toujours cette bonne vieille rue, l'endroit même où s'exerce la politique, où elle se fait sentir, où elle se réinvente et où elle s'encre la dans réalité, le quotidien de milliers de gens comme vous et moi. Cet espace public, constamment violé par des publicités de toutes sortes, violé même par cette classe politique qui se permet d'envahir le paysage de pancartes de plastiques annonçant les visages de ceux qui joueront avec notre argent, notre qualité de vie et nos nerfs, nous appartiens de droit et doit être réapproprié. Sauf qu'une ré-appropriation de la rue par les citoyens dans la mesure où ces derniers réclament une rupture avec le modèle politique qui nous prend tous pour des triples imbéciles doublés de cons pathologiques irrécupérables aux épisodes psychotiques à tendance débile fait peur à ceux qui jouissent DU POUVOIR. Ils frémissent car ce sont les belles grandes idéologies qui leur sont si chères qui sont en périls, et c'est sur ces dernières que repose justement leur POUVOIR, qu'il se justifie et devient légitime (comment peuvent-ils être aussi omnibulés par cette recherche de pouvoir quand la démocratie prescrit le pouvoir au peuple).

Ainsi, une bande de syndicalistes égocentriques qui pleurent devant le Parlement pour avoir plus d'argent dans leurs poches pour enfin pouvoir aller à Cancun aux fêtes ne menace pas trop les fondements du pouvoir, ce qui explique que les policiers ne sont pas tenus d'user de trop de force répressive pour mater les manifestants. Inversement, une bande d'étudiants qui réclament la gratuité scolaire pour que tous puissent avoir accès à l'éducation selon leurs envies et leurs besoins (car la démocratie, c'est aussi l'égalité des chances) risquent de fragiliser le confort institutionnel établi et dont ces parasites sociaux savent si bien tirer profit. Des pauvres éduqués, quelle calomnie ! Ils comprendraient quels sont les mécanismes qui les tiennent dans leur pauvreté et la belle tour de Babel risquerait fort bien de s'effondrer. De toute façon, ils savent très bien que pour qu'il y ait des riches, ça prend beaucoup de pauvres …

De plus, des citoyens plus critiques, avec une meilleure compréhension du monde mettraient en péril la monumentale connerie qu'on nous sert à toutes les sauces et qui est si profitable pour eux et leurs amis.

C'est là qu'intervient notre ami le policier, celui qui possède une belle voiture dont le moteur tourne en permanence pour le plus grand plaisir de ceux qui aiment les étés chauds, très chauds. Le policier, celui qui possède une belle voiture où c'est écrit : protéger et servir le citoyen ! Celui qui maîtrise parfaitement la conduite automobile, le pistolet, le cassage de gueules; celui qui connaît la loi (connaître et comprendre sont deux choses) et qui l'applique sans se poser de questions; celui qui risque sa vie tous les jours pour que vous puissez dormir tranquille. C'est celui-là même qui se charge de briser les rangs de ceux qui en ont plus qu'assez de se faire prendre pour des cons et qui souhaitent changer leur paysage social pour le bien commun, pour l'intérêt du plus grand nombre. Quand les préoccupations environnementales deviennent une menace pour l'économie, pas de pudeur pour ces dociles outils du pouvoir économique à taper sur ceux qui le crient haut et fort et qui se manifestent un peu trop sur la place publique. Quand des milliers des personnes se réunissent pour faire valoir que la mondialisation, telle qu'elle se construit présentement, est d'une violence extrême pour la vie en général, ils sont aux premiers rangs, avec leur arsenal lourd pour être certains que les dirigeants ne se fassent pas déranger alors qu'ils décident du sort du monde en buvant des dry martinis et en dévorant des enfants (ça reste à vérifier mais bon…). À la lumière de ces considérations le slogan de la police est plutôt juste : «Protéger et servir». Protéger l'argent et servir ceux qui la possède. Il semble ainsi que la démocratie ne peut exister que sous une forme docile, pour ne pas dire débile, mais surtout imposée, de façon plutôt unilatérale et carrément coercitive par ceux qui ont trop à perdre pour démocratiser la démocratie, si je peux m'exprimer de la sorte.

Mais vous devriez vous consoler, nous vivons tout de même en démocratie, vous aurez donc tout le loisir, aux prochaines élections, de choisir les prochains "experts" en politique qui riront de vous en peine face en jouant avec vos vies et votre argent. Vous n'y verrez que du feu, car une robe de bal scintillante sait dissimuler à merveille une grosse vache…

mercredi, avril 12, 2006

13 avril, BLOQUONS CHAREST!



À la mi-avril, le gouvernement Charest aura trois années derrière lui... Trois longues années ponctuées de reculs sociaux et de vastes mobilisations pour contrer les projets gouvernementaux.

Pour une troisième année consécutive le REPAC soulignera ce triste anniversaire en organisant un blocage festif du boulevard Charest !

Cette manifestation se fera cette année sur le thème de la déconstruction de nos acquis sociaux mais aussi sur celui de la construction de notre projet de société.

Depuis le dernier Bloquons Charest, en avril 2005, de nombreuses tuiles démontrent où s'en va le Québec :

-des hausses massives des tarifs d'hydro-électricité ;
-la vente du Mont-Orford à des intérêts privés près du pouvoir ;
-appauvrissement planifié des personnes assistées sociales jugées aptes au travail ;
-ouverture à la privatisation du financement de la santé,
-adoption d'une loi matraque pour mettre au pas les syndicats ;
-absence de plan d'action contre les changements climatiques ;
-absence de politique de l'habitation.


Le 13 avril, bloquons Charest parce que nous revendiquons :
Des services publics de qualité accessibles à toutes et à tous et des programmes sociaux financés adéquatement et collectivement !

Une meilleure redistribution de la richesse !

Un environnement naturel et social qui assure un avenir viable.

Une fiscalité qui sert l’intérêt public et dans laquelleles compagnies et tout le monde paient leur juste part !

Projet de société en construction !

Résister c'est bien… proposer c'est mieux ! Face au rouleau compresseur, la solidarité est de mise, mais la force du mouvement communautaire et populaire repose de plus en plus sur les alternatives que l'on saura mettre de l'avant. Dans cette perspective de proposition, le Bloquons Charest du 13 avril prochain transformera le boulevard Charest en vaste chantier de construction.

Les membres des groupes et la population sont donc invitéEs à participer en grand nombre à cette manifestation à l'ambiance festive et créative. Pour bloquer Charest, nous vous invitons cette année à revêtir vos habits de construction : chemises à carreau, bottes, casque, et pourquoi pas des outils de construction ? Venez mettre votre grain de sel à cette manifestation participative qui enverra un message clair : non aux reculs dans nos droits sociaux, oui à un projet société qui nous ressemble et qui se fonde sur nos valeurs de solidarité !

Un autre monde est possible… à nous de le construire !